Le balancier par Juha MAJA

Quelle hauteur pour le balancier ?

Avec toutes ces informations sur les tensions élastiques et musculaires, une question reste :  à quelle hauteur doit aller le balancier ?

La réponse à cette question dépend en partie de votre mobilité, mais en général on peut dire approximativement à hauteur de l’épaule. Ce qui ne veut pas dire que la boule ne doit pas être à hauteur de la tête si votre corps le permet, mais cela signifie que votre bras ne peut probablement pas dépasser 90° par rapport à votre épaule.

Je n’aime pas donner des chiffres sur ces aspects car cela dépend trop des capacités de chacun. Pour certains joueurs, même 90° peut être considéré comme trop haut, si cela dépasse leur limite de mobilité. Rappelez-vous, l’objectif est d’éliminer les tensions élastiques en s’assurant que le balancier n’emmène pas le bras au-delà de sa limite naturelle, ce qui prévient aussi les blessures.

Les recherches au Volleyball il y a quelques années ont montré qu’en moyenne, les asiatiques avaient 28 % de mobilité supplémentaire comparé aux européens et aux américains du nord. Leur balancier pouvait être plus élevé avec moins de risque de tension élastique, ce qui correspond avec ce que l’on voit au niveau international. Les joueurs avec une mobilité de l’épaule moyenne ont naturellement des balanciers plus bas, à partir du moment où ils ne forcent pas la boule. Ci-dessous, vous pouvez voir des exemples de 2 balanciers à hauteur correcte et 2 autres trop élevés.

Les images en haut à droite et en bas à gauche sont des exemples de balanciers forcés au-delà de la limite naturelle de l’épaule. Un coude plié est un indicateur de ce problème.

Les dangers d’un balancier très élevé.

Malheureusement, le jeu moderne nécessite plus de vitesse que jamais précédemment et le corps humain n’est pas vraiment destiné à lancer une boule de bowling à une vitesse de 20 miles/heure (32,2 km/h).

Avant la révolution de l’équipement, la plupart des blessures étaient le résultat d’une mauvaise tenue de boule ou d’un mauvais perçage. De nos jours, malgré l’amélioration de la tenue de boule et du perçage, on rencontre beaucoup de blessures dues à un Backswing excessif chez des joueurs qui tentent de générer ces vitesses élevées. 

En tirant la boule dans le Backswing au-delà de la limite naturelle de l’épaule, un stress important est appliqué sur la structure de l’épaule, en particulier sur la tête de l’humérus dans la capsule de l’épaule. Au bout d’un moment, les tendons, les ligaments et les cartilages peuvent de briser. Malheureusement, beaucoup de joueurs au niveau professionnel ont probablement des blessures de l’épaule, ou l’auront dans le futur, à cause de cette sorte d’exagération de balancier.

Créer un grand balancier sans danger nécessite un basculement (Tilt) du buste vers l’avant pour ne pas dépasser notre capacité de mouvement naturel de l’épaule, même pour ceux qui ont davantage de mobilité. Pensez à Pete Weber dans les années 80, qui avait un balancier très haut, mais avec beaucoup de Tilt du buste vers l’avant. Aujourd’hui, sa position du corps est plus verticale et combinée avec l’âge, on constate une hauteur plus faible du balancier. Sa longévité et son succès donne plus de poids à l’importance de créer un grand Backswing avec la position du buste plutôt qu’en tirant la boule au-delà de la limite naturelle de mouvement de l’épaule.

Départ du balancier.

Le terme « Pushaway » a été remplacé par « Départ de la boule » (Ball Start), mais je préfère le terme plus précis « départ du balancier ».

Un départ du balancier efficace va intervenir sur la hauteur de votre Backswing et sur la vitesse que vous pourrez générer. Parce que le jeu actuel nécessite plus de vitesse de boule qu’auparavant, les joueurs compétitifs doivent être plus efficace sur le départ du balancier pour générer plus de vitesse avec le moins de tension possible.

Fondamentalement, la boule doit commencer son balancier en « chute libre » d’une hauteur raisonnable pour obtenir de l’inertie, en suivant une forme arrondie pour conserver son inertie dans le Backswing. A cause de ces exigences, il y a quelques clés à considérer dans la position de départ et le mouvement initial de la boule au début du balancier.

Pour minimiser les tensions musculaires initiales, votre position de départ doit respecter plusieurs clés :

  • Un coude fléchi au moins à 90°. Ceci réduit les tensions dans votre bras côté boule et permet à votre bras opposé de supporter la plus grosse partie du poids de la boule. Ce qui place votre boule approximativement à hauteur de la hanche (ou légèrement plus bas).
  • La boule doit aussi être positionnée près de votre centre de gravité, ce qui aide à la trouver plus légère et réduit les tensions dans le balancier. Elle doit être sous votre tête, en utilisant une légère ouverture des hanches et des épaules, avec un peu de Tilt du buste vers l’avant pour créer cet alignement et préparer de l’espace pour le balancier.

Quand on commence l’approche, nous ne voulons pas marcher en-dehors de la trajectoire du balancier, c’est une image mentale négative. Une position de départ efficace doit créer l’espace nécessaire au balancier. La position exacte de votre corps dépend de votre physique. Les joueurs avec de larges épaules et des hanches étroites vont créer naturellement plus d’espace que ceux avec des hanches larges.

A cause de la position relativement basse de la boule en position de départ et le besoin de générer de la vitesse dans le début du balancier pour obtenir une hauteur suffisante du Backswing, vous devez utiliser votre main opposée pour relever légèrement la boule au début du mouvement, puis la laisser descendre librement vers le point bas du début du balancier. Cela crée plus de vitesse que de la laisser tomber depuis sa position basse de départ et garde les muscles en tension minimum quand c’est fait correctement.

Nous voulons aussi que notre épaule suive la boule à cet instant et dans le balancier. En permettant à l’épaule de suivre le balancier, à descendre en même temps que la boule descend, à aller en arrière au moment où le corps opère sa rotation et que le balancier monte dans le Backswing, nous rallongeons le rayon de notre balancier. Ce qui aide à générer plus de vitesse et rallonge la durée du balancier (Swing time), nous donnant plus de temps sur l’approche.

Laissez-moi être clair : ce n’est pas « ouvrir » vos épaules. C’est un mouvement qui génère un mauvais balancier dont je parlerai plus loin.

Finalement, un point important au sujet du concept du « Hinge » de départ du balancier. Bien qu’il puisse permettre un timing en avance par un départ court du balancier, il crée aussi moins d’accélération au moment où la boule va dans le Backswing et une forme en V plus abrupte, qui stoppe essentiellement l’inertie de la boule. Les deux vous force à tirer la boule dans le Backswing, en augmentant les tensions musculaires.

Bien que cette technique ait été très populaire ces dernières années, quand vous considérez la tension et l’inertie, le départ de la boule avec le système « Hinge » n’est pas aussi efficace qu’un départ du balancier légèrement vers le haut et arrondi.

Types de mauvais balanciers.

Il y a essentiellement 2 types de mauvais balanciers : le balancier avec ouverture d’épaule et le balancier restreint.

Le balancier avec ouverture d’épaule est vraiment le résultat d’une expression inappropriée. Le terme « ouverture d’épaule » implique un mouvement actif de l’épaule tirée pour s’ouvrir alors que le balancier progresse. Ce qui provoque toujours une sur-rotation. Quand l’épaule bouge sur un plan horizontal, elle tire le balancier en dehors de la ligne, créant une tension élastique et nécessitant l’utilisation de tension musculaire pour corriger la position.

Comme je le disais précédemment, l’épaule doit seulement se déplacer vers l’arrière et vers l’avant avec le balancier, en suivant la trajectoire de la boule. Avec une position correcte des hanches, les épaules semblent tourner, mais pas de la même façon que lorsque quelqu’un essaye consciemment d’ouvrir ses épaules.

Le balancier restreint est réellement un balancier de style classique. Quand vous ne laissez pas le corps opérer une rotation, vous limiter la hauteur du Backswing à la mobilité de votre articulation de l’épaule. Ce type de balancier est souvent causé par un Timing d’un pas de retard. Ces balanciers peuvent être corrigés en ajustant le Timing et la position du corps comme nécessaire pour améliorer l’efficacité du balancier.

Les clés d’un balancier efficace.

La plus grande vitesse du balancier doit être atteinte à chaque point bas, au départ et dans le Downswing. Raisonnez comme pour une rampe de skate : si une boule de bowling est placée sur une rampe, sa vitesse maximum sera atteinte en bas de la rampe. Rappelez-vous, pour générer de la vitesse dans la phase du départ du balancier, on a besoin d’une forme arrondie pour maintenir cette vitesse et cette inertie. Si la rampe a une transition abrupte par rapport à la portion plate, une grande partie de l’énergie de la boule sera perdue.

Ce point important abordé, voici un résumé des clés les plus importantes pour un balancier efficace :

  • Votre vitesse de balancier doit correspondre avec votre vitesse d’approche. Si l’une est plus rapide que l’autre, vous allez créer des tensions élastiques ou des tensions musculaires, ou les deux.
  • Laissez la boule aller aussi haut qu’elle le veut dans le balancier, et laissez-la descendre quand elle le veut. Elle doit atteindre son apogée en utilisant sa propre inertie.
  • Pensez que c’est la boule qui entraîne votre main et non l’inverse.
  • Un Timing correct est essentiel pour l’efficacité du balancier car c’est ce qui permet la rotation du corps nécessaire pour un balancier moderne efficace.
  • Les hanches et les épaules doivent suivre le balancier. C’est ce qui permet la rotation du corps, sans une ouverture « commandée » du corps, ce qui entraîne une sur-rotation.

Le bras opposé.

Le balancier est toujours un mouvement à 2 mains ou à 2 bras. Ce que vous faites avec votre bras opposé à la boule affecte singulièrement votre balancier. Cependant, le terme « bras opposé à la boule » n’est pas réellement le bon terme. Un terme physiologique plus précis pourrait être « le bras de contre-poids », puisque le bras opposé doit être activement impliqué, faisant la même chose que le bras côté balancier mais dans le sens opposé.

Aussi, la clé finale pour un balancier efficace est l’utilisation efficace du bras opposé. C’est comme un prolongement du bras du balancier. A l’apogée du balancier, il doit être devant vous et approximativement en ligne avec le pied du même côté. Plus important, il doit se déplacer sur le côté à la même vitesse que celle du downswing et ne doit jamais être derrière votre épaule. S’il est tiré rapidement, il devient une autre source de tension élastique.

A cause de l’importance du timing pour obtenir une trajectoire idéale du balancier, dans mon prochain article je vais aborder les points du timing qui doivent être considérés, ainsi que les implications d’être hors Timing pour chaque position.